"Il serait bien utile,
pour que l'enquête pût aboutir à des résultats
satisfaisants, qu'il y eût un correspondant pour chacun des cantons.
Il s'agit de traduire en patois une quarantaine de petites phrases.
Nous faisons appel de nouveau au dévouement de M.M. les instituteurs
... Les patois tendent à disparaître ; il n'est que temps
d'en recueillir les mots et les formes pour les étudier comparativement
et tirer les conséquences que comporte cette étude au
point de vue de la linguistique générale et de l'histoire
du français lui-même... C'est une œuvre utile et vraiment
scientifique."
 |
Le
Certificat d'Études Primaires a été
institué en 1875 en Isère. Mais seuls les garçons
avaient le droit de le présenter !Il sera ouvert aux filles
en 1879.
"Il est temps
que les jeunes filles puissent aussi conquérir ce diplôme!
De ces luttes scolaires, dès l'année prochaine,
maîtres et maîtresses devront sortir avec honneur"
! |
Après
le Certificat d'Études les filles dont les parents pouvaient
payer la pension allaient à l'École Supérieure
de Saint Marcellin...
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L'école et la vie ruraleSaint André
est une commune rurale comme bien d'autres à cette époque. Bulletins de 1874 : "Les
heures de classes sont modifiées pour concilier les exercices
classiques et les travaux agricoles pendant la belle saison: 9h du matin
et 3h du soir (1/2h à midi)."Les instituteurs sont encouragés
à la pratique de la Protection des animaux et l'Enseignement
agricole et horticole avec leurs élèves. Pour
cela ils reçoivent des récompenses, en particulier, de
la Société protectrice des animaux.
Ils doivent donner aux élèves des notions de sylviculture
et d'améliorations pastorales et participer à la création
de Sociétés scolaires forestières. Nous apprenons le nom
savant du doryphore ou decemlineata par des instructions à afficher
dans les communes rurales et les écoles de garçons.
"Les instituteurs doivent enseigner les moyens de combattre le
doryphore, insecte destructeur de la pomme de terre, dans le cas où
il viendrait à pénétrer en France ainsi que la
culture de la pomme de terre elle-même, culture alimentaire et
industrielle très précieuse." (Bulletin deFévrier
1878)Le maître apprend
aux écoliers à protéger les oiseaux utiles à l'agriculture. D'autre part il continue la récolte
des plantes médicinales avec les enfants. Cette récolte
se maintiendra pendant encore une dizaine d'années.
L'instituteur est responsable de l'éducation populaire.
Il indique en particulier, les précautions à prendre pour
la récolte des champignons. Il va aussi montrer à
ses élèves la gravité d'un nouveau fléau, le doryphore qui menace la culture de la pomme de terre
! Pendant les vacances scolaires,
les élèves sont une main d'œuvre agricole appréciableLes instituteurs doivent
faire la propagande de la sériciculture (élevage
du vers à soie) dans les écoles. Le pays a besoin de toutes
ses ressources possibles.L'école et la santé :Lutte contre l'alcoolisme:
"Il ne suffit pas de dire aux enfants et plus tard aux adultes
: « Mes enfants, il ne faut pas boire d'alcool » !... Que
substituerons-nous à l'alcool ?... des salles pour des réunions,
des fêtes populaires... pour distraire honnêtement tout
le monde" ?Les problèmes de santé sont de plus en plus importants en raison
d'épidémies graves. L'organisation sanitaire est assurée
par une loi datant de 1892. Voici quelques directives retenues:
"Il appartient aux préfets et aux maires des communes rurales
de prendre les précautions convenables pour écarter ou
neutraliser les effets des épidémies...
en particulier la variole, la scarlatine, la rougeole, la teigne, les
oreillons, la coqueluche, la varicelle... Tout docteur a l'obligation
de faire la déclaration des maladies épidémiques
tombées sous son observation."
La Société de Préservation contre la tuberculose est créée. Elle agit par l'intermédiaire des instituteurs
qui favorisent l'éducation populaire.
Dans les bulletins il est demandé aux instituteurs d'attirer
l'attention des enfants aux soins et à l'hygiène de la
bouche.Novembre 1883
"L'enseignement de la Morale doit être quotidien" et
avoir toute l'importance qu'il mérite. Dans les cahiers scolaires
pendant de longues années la journée débutera effectivement
par quelques phrases de morale.A la fin de la première
guerre mondiale, une grave épidémie de grippe sévira
en Décembre1918. On l’appellera « grippe espagnole
».Il donnera des instructions
sur la diphtérie et comment lutter contre cette
maladie, cause d'épidémie grave.En 1911
on rappelle : « L'enseignement de la Morale et surtout
les récits sur des traits d'héroïsme doivent
avoir une grande importance dans les écoles »
L'école et la guerre1915 -1916 : En
pleine guerre il est demandé aux instituteurs d'être
les gardiens de la tradition orale et d'avoir, auprès des enfants,
un discours patriotique exaltant le sentiment de sacrifice
1917 - 1918 : La vie de la nation en guerre est terrible. Des solutions
d'urgences sont indispensables pour la survie de la Patrie. Il est demandé
la participation des élèves secondaires et primaires aux
travaux agricoles et horticoles. C'est un véritable appel de
solidarité lancé à la jeunesse.
Des mesures destinées à favoriser la production agricole
seront prises, en particulier pour les cultures de printemps vitales
après les hivers non productifs.
Il y a une nécessité d'épargner le blé,
la farine et le pain.
Des jardins potagers scolaires verront le jour et seront sans doute,
bien précieux pour la nourriture des enfants.
De même la récolte des plantes médicinales par les
écoliers sera très importante pour la production de médicaments
utilisables dans la vie courante mais surtout pour soigner les nombreux
blessés du front. Il est indiqué aux instituteurs, dans
ce bulletin, la nécessité de les cultiver. En voici une
liste:
arnica, belladone, bourrache, bourgeons de pins, chiendent, fougère
(racines), guimauve, gentiane, pieds de chats, reine des prés,
styles de maïs, sureau, coquelicot, tilleul, génépi,
lavande, thym, violettes, queues de cerise … etc.
Les enfants doivent faire la récolte des chiffons de coton pour
le service des poudres.
Il faut apprendre à vivre le plus économiquement possible.
Des conseils sont donnés toujours par l'intermédiaire
des instituteurs.
On préconise l'utilisation de la "Marmite norvégienne
ou cuisson sans feu". Je suppose que ce sera plus tard notre "cocotte-minute"
!
L'économie domestique est enseignée. Elle est bien d'actualité.
Ainsi pour l'alimentation du bétail on apprend à fabriquer
des succédanés de fourrages, on suggère le ramassage
des ramilles et on conseille les restrictions volontaires de consommation.
L'état fait une collecte de l'or et en échange, paye avec
des billets.
Le Certificat d'Études
Primaires Supérieures prend le nom de Brevet d'Enseignement Primaire
Supérieur (19 Juillet 1917). Les programmes sont publiés.1935 :
L'école devient mixte.
Le Conseil Départemental de l'Instruction Publique (18 Mai 1935)
a prévu la réouverture de la 2ème classe de l'école
communale qui avait été fermée en 1934. M. le Maire
fait observer qu'on envisage le retour aux écoles spéciales
et déclare qu'il serait désirable qu'on transforme ces
2 écoles en classes mixtes. Cela grouperait les enfants par âge.
Le nombre de division serait réduit. Les maîtres pourraient
s'attacher davantage à chaque élève. 1937 - L'instituteur a toujours le rôle d'éducateur populaire.
Il parlera de la Semaine nationale du lait et fera passer à ses
élèves les consignes sanitaires comme
celle-ci : "Faites bouillir le lait".
1939-1940 : L'instituteur à cette époque
était logé près de l'école :
"Notre logement était à côté
de la salle de classe et dominait la cour de récréation.
Je revois la salle voûtée au rez-de-chaussée qui
était, avant 1900, le couvent des religieuses et où nous
entreposions les fruits et légumes qui étaient ainsi au
frais.
J'entendais le bruit des chevaux qui tapaient dans les boxes de l'écurie
voisine".
1952 - Souvenirs
d'élèves : "Dans
la classe "d'en haut" M. ROZIER, le maître, avait loué
une télévision pour voir le couronnement de la Reine Elisabeth
II d'Angleterre en 1952.
Je réalise 50 ans après l'importance de cet événement
à Saint André !! A cette époque le maître
était "presqu'un Dieu" pour moi et quand je disais
à mes parents "le maître l'a dit" ils ne pouvaient
plus rien ajouter !"
Cette séance télévision, une première, s'explique
un peu par le fait que, d'après les anciens élèves,
M. BOISSIEUX de Pont en Royans, vendait des télés exposées
au Café PERRIN. C'était une grande attraction et cela
occasionnait de belles réunions villageoises.
Les écoles de Saint André participaient aux fêtes
de la Jeunesse au Bel et à Chabaudière, au bord de la
Bourne, en allant à Choranche.
Toutes les écoles du Canton apprenaient les mêmes chants
(Le ciel est bleu, Les Allobroges, Unissons nos voix... etc.) et les
mêmes exercices de gymnastique... La tenue imposée pour
tous : haut blanc, bas bleu marine...
Autres souvenirs à propos de ces fêtes: "Très
peu téméraire je faisais des cauchemars pour passer sur
la vieille et fragile passerelle surplombant la Bourne et menant au
champ de Chabaudière où avait lieu la fête. Le pont
est toujours debout, à ma grande stupéfaction, mais il
n'a plus, depuis bien longtemps, d'usagers!!!"
Extrait du
discours prononcé par M. André ROZIER à son départ
à la retraite après 30 ans d'enseignement à Saint
André !
Ma carrière... Que d'émotions de toute sorte elle m'a
procurées: la joie des réussites, la désillusion
des échecs, inattendus mais salutaires et cette satisfaction
suprême que le maître éprouve lorsqu'il sent l'âme
de sa classe ne faire qu'un avec la sienne.
On n'exerce pas impunément le même métier pendant
35 ans sans en être profondément marqué. C'est pourquoi
il m'arrive déjà de me complaire à revoir par les
pensées des rangées de têtes juvéniles, blondes
et brunes, des visages souriants ou sereins...Et j'entends encore des
rires , des cris... des pleurs... j'entends les plumes qui grattent
les feuilles, les pages que l'on tourne, l'ardoise qui tombe... Du passé
déjà !
Et pourtant comme il me semble proche le temps où mon maître
de l'école primaire de Beaucroissant puis ceux du Cours Complémentaire
de Rives préparaient sans que je le sache, mon avenir. C'est
d'eux que j'ai reçu l'enseignement classique que j'ai transmis
d'après la méthode classique qu'ils m'avaient apprise,
celle dans laquelle l'autorité ferme, bienveillante et compréhensive
de mes inspecteurs m'avait engagé et allait me maintenir.
J'ai connu le temps où l'on comptait deux fautes pour avoir écrit
dans une dictée l'expression "Monsieur le Maire" sans
les majuscules souhaitables. Époque d'une rigueur excessive ?
Soit... Qui pourrait prétendre pourtant qu'elle n'a pas été
féconde ?..."
Quelques
passages du mot d'adieu de Mme VALLÉRIAN (institutrice) prononcé,
le 30 Juin 1988 : "Des souvenirs
dans ma mémoire il y en a plein, tous plus attachants les uns
que les autres !... Un voyage en train à Annecy, une classe de
neige au Faz, les jours de neige où l'après-midi les enfants
faisaient des parties mémorables de luge avec des sacs d'engrais
apportés de chez eux...et après quoi tout devait sécher
près du poêle avant la sortie !
Il y en aurait trop à raconter mais il ne faut pas omettre bien
sûr l'ambiance de la classe unique de 5 à 11 ans, difficile
à mener mais ô combien enrichissante" !
L'école
de Saint André aujourd'hui :
Le regroupement pédagogique
avec la Commune d'Auberives existe depuis 1986.
Les enfants de moins de 5 ans peuvent donc être scolarisés
à l'École Maternelle d'Auberives.
Les CP et CE1 sontà Saint André, les CE2, CM1 et CM2 à
Auberives.
Ce regroupement comporte évidemment l'organisation des transports
et celui de la cantine. Tout cela fonctionne bien.
Sur le plan pédagogique il y a une étroite collaboration
avec la classe d'Auberives en particulier pour les sorties et voyages
scolaires.

En
2006, l'école a fêté son cinquantenaire avec des festivités à la hauteur de l'événement...
(Extraits
du livre édité par
l'AVSA - Tous droits réservés)