T comme TRADITIONS
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L'école à Saint André...

L'école laïque de garçons coexiste avec l'école libre de filles jusqu'à la Séparation de l'église et de l'état en 1903, date où sera nommée à Saint André une institutrice publique laïque. En France "l'ordre républicain" et l'œuvre scolaire avec Jules FERRY seront déterminants.Sans un journal officiel de 1880 on peut lire : "Faut-il redire encore combien l'instruction publique est cause de prospérité matérielle et morale de société" !

On parle de "foi laïque".

L'école devient gratuite, obligatoire et laïque dans les années 1880.


Ecolières de st André en 1903 ou 1904


La redécouverte de l'école le 1er octobre était aussi une fête parce que c'était un événement... Et les cours commençaient...

"Outre ce qui s'apprend toujours aujourd'hui il y avait, à cette époque, place pour la leçon d'écriture, pleins et déliés à refaire impeccablement suivant modèle, avec la plume "gauloise" ou "sergent major" trempée, juste ce qu'il fallait, dans l'encre noire de l'encrier encastré dans notre bureau de bois."


L'école en milieu rural...

Quelques éléments concernant la scolarité des élèves de Saint-André en Royans, d'après les Bulletins de l'enseignement Primaire émis à partir de 1874 :Une enquête sur les patois parlés dans le département est lancée.

"Il serait bien utile, pour que l'enquête pût aboutir à des résultats satisfaisants, qu'il y eût un correspondant pour chacun des cantons. Il s'agit de traduire en patois une quarantaine de petites phrases. Nous faisons appel de nouveau au dévouement de M.M. les instituteurs ... Les patois tendent à disparaître ; il n'est que temps d'en recueillir les mots et les formes pour les étudier comparativement et tirer les conséquences que comporte cette étude au point de vue de la linguistique générale et de l'histoire du français lui-même... C'est une œuvre utile et vraiment scientifique."

Le Certificat d'Études Primaires a été institué en 1875 en Isère. Mais seuls les garçons avaient le droit de le présenter !Il sera ouvert aux filles en 1879.

"Il est temps que les jeunes filles puissent aussi conquérir ce diplôme! De ces luttes scolaires, dès l'année prochaine, maîtres et maîtresses devront sortir avec honneur" !

Après le Certificat d'Études les filles dont les parents pouvaient payer la pension allaient à l'École Supérieure de Saint Marcellin...


L'école et la vie ruraleSaint André est une commune rurale comme bien d'autres à cette époque. Bulletins de 1874 : "Les heures de classes sont modifiées pour concilier les exercices classiques et les travaux agricoles pendant la belle saison: 9h du matin et 3h du soir (1/2h à midi)."Les instituteurs sont encouragés à la pratique de la Protection des animaux et l'Enseignement agricole et horticole avec leurs élèves. Pour cela ils reçoivent des récompenses, en particulier, de la Société protectrice des animaux.
Ils doivent donner aux élèves des notions de sylviculture et d'améliorations pastorales et participer à la création de Sociétés scolaires forestières. Nous apprenons le nom savant du doryphore ou decemlineata par des instructions à afficher dans les communes rurales et les écoles de garçons.
"Les instituteurs doivent enseigner les moyens de combattre le doryphore, insecte destructeur de la pomme de terre, dans le cas où il viendrait à pénétrer en France ainsi que la culture de la pomme de terre elle-même, culture alimentaire et industrielle très précieuse." (Bulletin deFévrier 1878)Le maître apprend aux écoliers à protéger les oiseaux utiles à l'agriculture. D'autre part il continue la récolte des plantes médicinales avec les enfants. Cette récolte se maintiendra pendant encore une dizaine d'années.

L'instituteur est responsable de l'éducation populaire. Il indique en particulier, les précautions à prendre pour la récolte des champignons. Il va aussi montrer à ses élèves la gravité d'un nouveau fléau, le doryphore qui menace la culture de la pomme de terre ! Pendant les vacances scolaires, les élèves sont une main d'œuvre agricole appréciableLes instituteurs doivent faire la propagande de la sériciculture (élevage du vers à soie) dans les écoles. Le pays a besoin de toutes ses ressources possibles.
L'école et la santé :Lutte contre l'alcoolisme:
"Il ne suffit pas de dire aux enfants et plus tard aux adultes : « Mes enfants, il ne faut pas boire d'alcool » !... Que substituerons-nous à l'alcool ?... des salles pour des réunions, des fêtes populaires... pour distraire honnêtement tout le monde" ?Les problèmes de santé sont de plus en plus importants en raison d'épidémies graves. L'organisation sanitaire est assurée par une loi datant de 1892. Voici quelques directives retenues:
"Il appartient aux préfets et aux maires des communes rurales de prendre les précautions convenables pour écarter ou neutraliser les effets des épidémies... en particulier la variole, la scarlatine, la rougeole, la teigne, les oreillons, la coqueluche, la varicelle... Tout docteur a l'obligation de faire la déclaration des maladies épidémiques tombées sous son observation."

La Société de Préservation contre la tuberculose est créée. Elle agit par l'intermédiaire des instituteurs qui favorisent l'éducation populaire.
Dans les bulletins il est demandé aux instituteurs d'attirer l'attention des enfants aux soins et à l'hygiène de la bouche.Novembre 1883 "L'enseignement de la Morale doit être quotidien" et avoir toute l'importance qu'il mérite. Dans les cahiers scolaires pendant de longues années la journée débutera effectivement par quelques phrases de morale.A la fin de la première guerre mondiale, une grave épidémie de grippe sévira en Décembre1918. On l’appellera « grippe espagnole ».Il donnera des instructions sur la diphtérie et comment lutter contre cette maladie, cause d'épidémie grave.En 1911 on rappelle : « L'enseignement de la Morale et surtout les récits sur des traits d'héroïsme doivent avoir une grande importance dans les écoles »


L'école et la guerre1915 -1916 : En pleine guerre il est demandé aux instituteurs d'être les gardiens de la tradition orale et d'avoir, auprès des enfants, un discours patriotique exaltant le sentiment de sacrifice

1917 - 1918 : La vie de la nation en guerre est terrible. Des solutions d'urgences sont indispensables pour la survie de la Patrie. Il est demandé la participation des élèves secondaires et primaires aux travaux agricoles et horticoles. C'est un véritable appel de solidarité lancé à la jeunesse.
Des mesures destinées à favoriser la production agricole seront prises, en particulier pour les cultures de printemps vitales après les hivers non productifs.
Il y a une nécessité d'épargner le blé, la farine et le pain.
Des jardins potagers scolaires verront le jour et seront sans doute, bien précieux pour la nourriture des enfants.
De même la récolte des plantes médicinales par les écoliers sera très importante pour la production de médicaments utilisables dans la vie courante mais surtout pour soigner les nombreux blessés du front. Il est indiqué aux instituteurs, dans ce bulletin, la nécessité de les cultiver. En voici une liste:
arnica, belladone, bourrache, bourgeons de pins, chiendent, fougère (racines), guimauve, gentiane, pieds de chats, reine des prés, styles de maïs, sureau, coquelicot, tilleul, génépi, lavande, thym, violettes, queues de cerise … etc.

Les enfants doivent faire la récolte des chiffons de coton pour le service des poudres.
Il faut apprendre à vivre le plus économiquement possible. Des conseils sont donnés toujours par l'intermédiaire des instituteurs.
On préconise l'utilisation de la "Marmite norvégienne ou cuisson sans feu". Je suppose que ce sera plus tard notre "cocotte-minute" !
L'économie domestique est enseignée. Elle est bien d'actualité. Ainsi pour l'alimentation du bétail on apprend à fabriquer des succédanés de fourrages, on suggère le ramassage des ramilles et on conseille les restrictions volontaires de consommation.
L'état fait une collecte de l'or et en échange, paye avec des billets.
Le Certificat d'Études Primaires Supérieures prend le nom de Brevet d'Enseignement Primaire Supérieur (19 Juillet 1917). Les programmes sont publiés.1935 : L'école devient mixte.
Le Conseil Départemental de l'Instruction Publique (18 Mai 1935) a prévu la réouverture de la 2ème classe de l'école communale qui avait été fermée en 1934. M. le Maire fait observer qu'on envisage le retour aux écoles spéciales et déclare qu'il serait désirable qu'on transforme ces 2 écoles en classes mixtes. Cela grouperait les enfants par âge. Le nombre de division serait réduit. Les maîtres pourraient s'attacher davantage à chaque élève. 1937 - L'instituteur a toujours le rôle d'éducateur populaire. Il parlera de la Semaine nationale du lait et fera passer à ses élèves les consignes sanitaires comme celle-ci : "Faites bouillir le lait".

1939-1940 : L'instituteur à cette époque était logé près de l'école :
"Notre logement était à côté de la salle de classe et dominait la cour de récréation. Je revois la salle voûtée au rez-de-chaussée qui était, avant 1900, le couvent des religieuses et où nous entreposions les fruits et légumes qui étaient ainsi au frais.
J'entendais le bruit des chevaux qui tapaient dans les boxes de l'écurie voisine".

1952 - Souvenirs d'élèves : "Dans la classe "d'en haut" M. ROZIER, le maître, avait loué une télévision pour voir le couronnement de la Reine Elisabeth II d'Angleterre en 1952.
Je réalise 50 ans après l'importance de cet événement à Saint André !! A cette époque le maître était "presqu'un Dieu" pour moi et quand je disais à mes parents "le maître l'a dit" ils ne pouvaient plus rien ajouter !"


Cette séance télévision, une première, s'explique un peu par le fait que, d'après les anciens élèves, M. BOISSIEUX de Pont en Royans, vendait des télés exposées au Café PERRIN. C'était une grande attraction et cela occasionnait de belles réunions villageoises.
Les écoles de Saint André participaient aux fêtes de la Jeunesse au Bel et à Chabaudière, au bord de la Bourne, en allant à Choranche.
Toutes les écoles du Canton apprenaient les mêmes chants (Le ciel est bleu, Les Allobroges, Unissons nos voix... etc.) et les mêmes exercices de gymnastique... La tenue imposée pour tous : haut blanc, bas bleu marine...
Autres souvenirs à propos de ces fêtes:
"Très peu téméraire je faisais des cauchemars pour passer sur la vieille et fragile passerelle surplombant la Bourne et menant au champ de Chabaudière où avait lieu la fête. Le pont est toujours debout, à ma grande stupéfaction, mais il n'a plus, depuis bien longtemps, d'usagers!!!"


Extrait du discours prononcé par M. André ROZIER à son départ à la retraite après 30 ans d'enseignement à Saint André !

Ma carrière... Que d'émotions de toute sorte elle m'a procurées: la joie des réussites, la désillusion des échecs, inattendus mais salutaires et cette satisfaction suprême que le maître éprouve lorsqu'il sent l'âme de sa classe ne faire qu'un avec la sienne.
On n'exerce pas impunément le même métier pendant 35 ans sans en être profondément marqué. C'est pourquoi il m'arrive déjà de me complaire à revoir par les pensées des rangées de têtes juvéniles, blondes et brunes, des visages souriants ou sereins...Et j'entends encore des rires , des cris... des pleurs... j'entends les plumes qui grattent les feuilles, les pages que l'on tourne, l'ardoise qui tombe... Du passé déjà !
Et pourtant comme il me semble proche le temps où mon maître de l'école primaire de Beaucroissant puis ceux du Cours Complémentaire de Rives préparaient sans que je le sache, mon avenir. C'est d'eux que j'ai reçu l'enseignement classique que j'ai transmis d'après la méthode classique qu'ils m'avaient apprise, celle dans laquelle l'autorité ferme, bienveillante et compréhensive de mes inspecteurs m'avait engagé et allait me maintenir.
J'ai connu le temps où l'on comptait deux fautes pour avoir écrit dans une dictée l'expression "Monsieur le Maire" sans les majuscules souhaitables. Époque d'une rigueur excessive ? Soit... Qui pourrait prétendre pourtant qu'elle n'a pas été féconde ?..."


Quelques passages du mot d'adieu de Mme VALLÉRIAN (institutrice) prononcé, le 30 Juin 1988 : "Des souvenirs dans ma mémoire il y en a plein, tous plus attachants les uns que les autres !... Un voyage en train à Annecy, une classe de neige au Faz, les jours de neige où l'après-midi les enfants faisaient des parties mémorables de luge avec des sacs d'engrais apportés de chez eux...et après quoi tout devait sécher près du poêle avant la sortie !
Il y en aurait trop à raconter mais il ne faut pas omettre bien sûr l'ambiance de la classe unique de 5 à 11 ans, difficile à mener mais ô combien enrichissante" !


L'école de Saint André aujourd'hui :

Le regroupement pédagogique avec la Commune d'Auberives existe depuis 1986.
Les enfants de moins de 5 ans peuvent donc être scolarisés à l'École Maternelle d'Auberives.
Les CP et CE1 sontà Saint André, les CE2, CM1 et CM2 à Auberives.
Ce regroupement comporte évidemment l'organisation des transports et celui de la cantine. Tout cela fonctionne bien.
Sur le plan pédagogique il y a une étroite collaboration avec la classe d'Auberives en particulier pour les sorties et voyages scolaires.


En 2006, l'école a fêté son cinquantenaire avec des festivités à la hauteur de l'événement...


(Extraits du livre édité par l'AVSA - Tous droits réservés)

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